Midi Minuit de la psychanalyse

Le lecteur d’un ouvrage, choisi parmi ceux proposés par les membres de l’ apjl, ouvre le débat avec son auteur. Les auditeurs prennent ensuite le relais pour à leur tour l’interroger : telle est la formule retenue pour le Midi-Minuit. Comme les années précédentes, les auteurs sont issus d’horizons divers.

Les travaux de trois d’entre eux sont en prise directe avec la psychanalyse, sa théorie et sa clinique, et nous proposent des thèses nouvelles et fortes dans ce champ qui ne sont pas sans conséquences sur la direction de la cure et sa finalité. En amenant un névrosé à traiter le manque de l’objet (a) lacanien par sa perte, la cure analytique libère pour le sujet un espace de pensée désenglué du fantasme ; elle permet dans le même temps, pour l’homme comme pour une femme, de consentir à la confrontation au féminin et à sa jouissance sous la forme d’un pas- tout impensable. Quelle peut-être alors la visée de la cure pour un sujet mélancolique pour qui l’objet freudien est de toujours perdu et pour qui donc le tout est impensable ? Voilà, parmi beaucoup d’autres, une question que nous pourrons nous poser à la lecture de leurs travaux.

Les travaux des deux autres se situent dans des champs différents, ceux de la philosophie, de la logique, de l’histoire et de la sociologie. Nous avons fait le choix d’enrichir le Midi-Minuit de leurs réflexions pour tenter de cerner avec eux une question prégnante, celle de l’avenir du sujet face au discours capitaliste et au discours de la science. De l’avenir du sujet dépend l’avenir de la civilisation. Malaise dans la civilisation disait Freud. En sommes-nous encore là ? Le sujet freudien n’est-il pas plutôt aujourd’hui « en désarroi » face à un en deçà ou un au-delà de la civilisation dans lesquels le plonge l’universalisation de ces discours et leur prétention à exclure tous les autres ?

Questions à penser ensemble pour ne pas être réduit à l’objet de la pensée d’un Autre paranoïaque, maître d’une science dont la visée serait de produire un savoir absolu ou pour ne pas être privé de toute pensée par l’Autre anonyme du discours capitaliste qui produit à pro¬fusion des objets saturant le sujet de jouissance. Ne pas laisser s’installer la nouvelle barbarie qu’entraîne l’asservissement du discours de la science par le discours capitaliste, n’est ce pas l’enjeu auquel est conviée la créati¬vité de chacun ?

Notre désir n’est pas de faire du Midi-Minuit un nouvel espace de consommation de savoir, mais un lieu d’échanges sur des questions qui nous engagent, et avec nous la psychanalyse, dans le monde contemporain qu’il nous revient d’habiter.