Ignacio Garate-Martinez

Une petite note de pudeur

Je crois que, dans le désir de participer à une réflexion ouverte et progressive sur la question du statut du psychanalyste, mes propos du 14/01 à 16h 40, ont prêté à confusion. Un certain nombre de messages reçus à mon adresse me le confirment.

Ces propos s'inscrivent, bien évidemment, dans la suite de mes propres écrits et en réaction bien souvent à ce que je lis et apprends dans ce Forum, mais ailleurs aussi.

Alors pour être clair je tenterai d'être court:

1) Je suis contre la mise en place d'un statut du psychanalyste et, par conséquent contre tout amendement. Si celui-ci participe des affaires de la cité, il ne peut le faire, à l'instar de Socrate, que dans l'atopie, dut-il en mourir.

2) La psychanalyse produit des effets, certes, mais elle instaure surtout une question sur tout ce qui, s'inspirant du discours du maître, se traduit en certitude universitaire au service de sa jouissance.

3) Les associations de psychanalystes ne peuvent pas additionner leurs avis, pas plus qu'il n'est concevable qu'elles se fédèrent. Leur diversité est la garantie d'une richesse humaine, d'une altérité créatrice. Il n'y a pas aujourd'hui d'accord sur la formation des psychanalystes.

4) La psychanalyse ouvre à la possibilité d'interrompre la prédestination d'un désir en souffrance, pour que chaque sujet humain puisse considérer la singularité de son destin. La génétique n'y fera jamais rien. L'humain a les mots dans la peau, ils y sont gravés et lui donnent un corps différent des autres animaux : l'humain est parlé-être.

5) L'atopie de la psychanalyse peut agir aussi dans des champs sociaux: la culture, l'hygiène mentale, la protection de l'enfance… Mais sa fonction ne pourra jamais être de "peser, mesurer ou compter", pas plus que d'expertiser pour normaliser. La fonction du discours de l'analyse dans le social, parce qu'il est atopique, ne peut être qu'instituante et subversive. La psychanalyse est faite pour mettre le sens des mots sans dessus dessous.

Notre société s'oublie; elle revient à la culture du veau d'or. Le triomphe du capitalisme est celui de la barbarie. Le projet de "contrat moyen" pour les cadres et les tec. sup. en est un avatar. Les Centres d'éducation fermés un autre; les médias sont complices (voir Envoyé Spécial d'hier), c'est l'ensembole de notre société qui se perd sous l'excuse du besoin, sans exiger comme un respir, de faire entendre sa demande.

Les associations qui chercheront à se partager l'omelette pour ne pas rester "en dehors", casseront des oeufs, et toucheront de manière impudique à ce que Lacan appelle "la lamelle" et devraient se demander pourquoi Socrate n'est pas entré immédiatement au Banquet, que faisait-il tout seul dehors? le pied de grue, bien sûr!

Cordialement

Ignacio Gárate

Pensée développée sur le forum Accoyer du site Oedipe
http://www.oedipe.org/phorum/read.php?f=6&i=750&t=750

et reproduite ici avec l'amable complicité de l'auteur.
("les propos" en question auxquels il est fait référence sont donc des propos tenus sur ce forum.)

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