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La créativité au quotidien
La créativité au quotidien
Toute activité, professionnelle ou ludique, a une dimension créative qu’il importe d’investir, et notre vie elle- même réclame de la créativité. N’est-ce pas une joie de la penser comme une œuvre d’art qui mérite notre attention, nos soins, notre énergie créatrice?
« J’ai perdu beaucoup de temps à essayer d’aller bien, j’y ai dépensé une énergie folle, j’ai lutté seule contre mon anorexie, contre mes TOC, mes dépressions, mon burn-out, je suis arrivée à ne pas prendre de médicaments. J’avais toujours quelque chose qui m’entravait, qui me faisait hurler de douleur, silencieusement. Je me faisais une montagne de tout, c’était impossible d’aller bien... Il me fallait une force inouïe pour résister à la spirale de l’effondrement... pour ne pas me laisser entraîner dans la dépression de mon père, l’hypocondrie de ma mère, ses tentatives de suicide, la dureté de mon frère. C’était épuisant, il me fallait une attention de chaque instant pour ne pas me laisser broyer. Ça m’a vidée. Aujourd’hui que je commence à moins dramatiser, je me rends compte que ma vie aurait pu être beaucoup plus heureuse si je n’avais pas été tout le temps sous la menace d’un danger. J’ai fait ce que j’ai voulu, j’aime la famille que j’ai créée, j’aime mon métier. J’aime mes amis. Mais cette insécurité... », ainsi parle Mila, qui longtemps s’est vécue comme rescapée d’un invisible combat : crainte du coronavirus, crainte d’être contaminée ou de contaminer, crainte de voyager, crainte de décevoir, crainte de ne pas pouvoir revenir si elle part en voyage... Son système immunitaire affaibli à force d’être mis sous tension, elle attrape une otite, une gastro, puis en effet la Covid-19.
Que ni ses enfants, ni son mari, n’aient été contaminés l’a amenée à prendre conscience de son fonctionnement. Elle s’applique depuis à ne plus céder à la peur : « Maintenant la boule d’angoisse disparaît... Je n’ai plus la gorge nouée. Et de moins en moins besoin de m’agiter pour me rendre utile. »
Elle a trouvé un doux exutoire dans la poésie... Elle convertit, dit-elle, ses problèmes en poèmes et a commencé à publier... Elle découvre la valeur de ses efforts accomplis depuis l’enfance. Sa volonté de ne pas céder à la destruction, sa persévérance, éveillent désormais sa tendresse et non plus de l’agacement. En ce sens, elle peut comparer sa vie à une œuvre d’art. Elle est émue de découvrir la volonté de créer qui l’a toujours animée, et apprécie sa résistance alors que jusque-là elle ne retenait que ses faiblesses. Elle en savoure les fruits, aime toujours se rendre utile, se sentir aimable, mais plus sans être soumise en permanence à l’agitation inquiétante de son émotivité.
L’art pas plus que la vie n’est de tout repos, mais ses fruits sont sources de repos... La persévérance est essentielle à la créativité.
Hyperémotifs
survivre à la tempête intérieure
Virginie Megglé
Eyrolles