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Crise de rage, hystérie et résolution

La rage n’est pas un sentiment, elle est de l’ordre de l’émotion absolue. Elle s’échappe du corps qu’elle traverse sans adresse précise. Elle exprime l’impuissance, la dépendance absolue, on s’en remet au grand tout, à l’univers en ce sens, elle est, disons «normale » chez le nourrisson quand il ressent de la détresse. Elle témoigne de sa vitalité. Elle reste l’expression enfantine par excellence, du bébé que l’on dit capricieux. Elle n’a pas à être le fait d’une mère envers son enfant. À moins de folie furieuse, ce qui n’est pas notre sujet. Elle est le symptôme du chaos, sans intention de dominer. Elle exprime à un moment donné le désespoir de celles qui ne se sentent en rien soutenues. En tant qu’affect, plus que tout autre, la rage nous dépasse, elle est invasive. Patience, amour, contenance, en retour l’apaiseront.
C’est elle qui transparait dans les crises d’hystérie comme dans le cri primal d’un nourrisson.
Elle est un des symptômes de l’ultra sensibilité. Elle est le cri de l’animal sauvage mis en danger qui requiert une absolue confiance, la certitude absolue également d’une absence totale d’inimité. Encore faut-il suffisamment de patience, d’amour et de solidité pour l’apprivoiser. Sinon on la condamne, tant elle effraie et remet en question l’entourage. Camille Claudel est la douloureuse expression de la rage laissée à l’abandon ... Nulle ne pu en supporter le désespoir.
Elle est comme un démon qui s’empare d’un corps mais elle n’est pas un mauvais démon. Elle peut susciter l’effroi en retour de l’effroi qu’elle exprime. Elle l’appelle en même temps qu’elle rejette. Mais elle témoigne d’une énergie, d’une sensibilité, extraordinaires. D’une réelle vitalité, celle-là même qui aura besoin d’être canalisée. Sans adresse, sans objet, expression du désespoir total, elle est un état de passage, qui nécessite de ne pas être stigmatisé : quand elle sera retombée, si elle ne subit aucune agression en retour, l’équilibre revient.
L’adversité lui est fatale. Comme elle fut fatale à Camille Claudel. Tandis que Sabina Spielrein fut sauvée par Jung qui sut l’accueillir. Le génie de la jeune femme ultrasensible put se révéler, bien que l’analyste transgressa le cadre analytique.
Destructrice, auto-destructrise, si rien ne l’arrête, si elle suscite le rejet, la rage est l’expression du désarroi absolu, celui de l’enfant qui n’a pas les mots pour se dire ... Ni sur le moment de cadre adéquat pour l’accueillir et le contenir.
L’espace analytique est cette espace qui permet d’expulser la rage.
Comment faire face à un assaut de rage ? L’enfant chez qui il se manifeste en appelle à un cœur tendre et paisible, une autorité ferme et contenante pour aider l’âme à s’incarner. Si en face elle suscite de la peur, elle s’amplifie, se déchaine ; et qui veut la dominer l’exaspère.
Il lui faudra se sentir en terrain de confiance pour se laisser réapprivoiser. Le plus grave serait de laisser la rage sans réponse affective et le désarroi s’installer face à l’indifférence. Au mieux, la raison est inopérante, au pire elle l’exacerbe. L’appel à la raison est vain. Seule la bienveillance opère. Elle est mise à l’épreuve bien sûr mais elle reste la condition essentielle pour que la crise passe. Avec la bienveillance c’est la compréhension d’âme à âme.
Douloureuse pour une mère, la rage que semble lui adresser sa fille. Quand elle était bébé, il est arrivé à la petite fille de crier, parfois très fort. La mère a pu se sentir surprise, dépassée, mais ne nous blessait pas. Car nous ne lui prêtions pas ce pouvoir. Nous imaginions pouvoir lui porter secours. Devenue grande on ne comprend pas ce déchainement qui semble ne se libérer que pour nous blesser... Nous le prenons pour nous. Et tout nous intime sur le moment que nous ne pouvons rien pour elle. Elle le refuserait. Nous nous sentons à la fois désemparées et agressées.
Devant une crise de rage de sa fille, une mère est le plus souvent démunie. L’enfant exige et repousse à la fois. La fillette a besoin dans ces moments de contenant... Le vivant en elle en appelle à la possibilité d’une absolue confiance. Le temps que l’orage en elle s’apaise.
Une enfant nous surprendre lorsque soudain elle fait une crise de rage. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. Rien de ce qui ressort de l’ordinaire. Elle est expression de l’angoisse, en cela elle est positive, car elle est signe de vie, au contraire de l’enfant dont le désespoir se traduit par de l’atonie.
Livrée à elle-même, sans étayage sincère, elle ne peut qu’augmenter. La défaillance maternelle, celle du cadre parental - , sont vécues comme dangereuse. Elles symbolisent l’absence. Solitude absolue. Et c’est cette absence qui déclenche chez la fillette douleur et agressivité. L’autre (celui ou celle qui se laisse déborder par la rage) n’est vécu qu’à travers[1] l’absence qu’il symbolise. Sa défaillance (du fait de sa non réponse aux besoins) réactualise une absence première qui s’apparentait au vide absolu. Ce vide réveille l’agressivité, la violence originelle dont la rage se fait l’écho.
La rage surgit en des moment où l’on a la certitude que le « monde entier » en la personne de notre mèrenous a laissé tomber et que c’est à elle seule que l’on souhaite le faire entendre. Car c’est elle qui nous a donné vie, c’est qui a tout pu et qui doit en ces instants de perdition tout pouvoir. Elle est en ce sens signe de grand et sincère désespoir.
Quand la rage originelle ressurgit chez l’adulte, on l’appellera plus volontiers hystérie, elle donne envie de laisser choir celle qui nous a donné la vie pour qu’elle entende – enfin – le mal « qu’elle » nous a fait : Pourquoi nous a-t-elle laissée face à ce vide ? On peut penser en ce sens que Mélanie Klein ne s’était jamais remise d’une rage enfantine. Et que sa théorie est celle d’une hystérique, dans laquelle les hystériques se reconnaissent.
Ainsi les crises de rage témoignent-elles d'un réel sentiment de trahison qui n'a pas les mots pour se dire. La psychothérapie est précieuse en cela qu'elle ne remet pas en cause la légitimité de ce sentiment de trahison, et qu'elle permet d'en remonter à la source, patiemment, jusqu'à la tarir. L'ultra sensibilité des anciennes "rageuses" produit alors des merveilles d'humainité.
(Il va de soi qu'il s'agit ici d'une rage proche de la colère et non d'une rage "baveuse" telle que la clicnique vétérinaire peut la décrire, cette "Maladie mortelle d'origine virale transmise à l'être humain par la morsure de certains animaux, et caractérisée par des convulsions ou de la paralysie.