Effets thérapeutiques en psychanalyse Pipol 2

LES EFFETS THERAPEUTIQUES RAPIDES EN PSYCHANALYSE

L’instabilité des groupes sociaux, de l’entreprise à la famille, que produit l’économie globalisée fait vaciller les identifications. L’appel universel aux psys en est une des conséquences. En arguant des rigueurs de la science, les tentatives de régler par la mesure généralisée les impasses de l’organisation sociale aggravent le malaise.

L’expérience commune vérifie l’effet de la parole dans les relations humaines. La psychanalyse va au-delà en en démontrant le ressort.

Témoins des effets thérapeutiques de la psychanalyse dans leur propre cure et dans leur pratique, les psychanalystes orientés par l’enseignement de Lacan, choisissent d’en faire la preuve et de l’exposer.

Nulle nécessité de s’abandonner à une fureur de soigner pour constater, souvent très rapidement, des effets thérapeutiques des premières  rencontres avec un analyste. Soulagement lié à un mouvement de rectification subjective ou simplement mise en jeu, par la demande, du symptôme dans le transfert qui s’établit.  C’est le parcours singulier d’une cure, jamais automatisable, par ce qu’il induit du choix de jouissance auquel le sujet est en proie, qui le conduira à un abord renouvelé de son symptôme. 

Se démarquant d’une approche trop médicale de la psychothérapie, Freud conditionne le traitement psychanalytique à une visée de savoir. La détermination, par le réel, le symbolique et l’imaginaire, du sujet lacanien comme être parlant lui donne son assise logique.

Depuis sa création, le Champ freudien n’a cessé de confronter la clinique et les résultats de la psychanalyse à l’expérience du réel dans les pratiques sociales et institutionnelles, ne reculant pas devant les frontières géographiques ou institutionnelles, et l’offrant ainsi à ceux qui n’auraient jamais l’occasion de la rencontrer.

L’invention psychotique et ses trouvailles thérapeutiques, l’émergence de nouveaux symptômes et les nouveaux liens sociaux qui les accompagnent, les nouvelles figures culturelles ou l’impasse du tout technique dans le traitement des corps, les nouveaux modes d’exercice de la sexualité et du jouir, sont quelques-unes des réponses que le Champ freudien a récoltées dans ses laboratoires et ses groupes de recherche, démontrant les ressources du discours rendu possible par la psychanalyse. L’intervention de Jacques-Alain Miller, lors du dernier congrès de l’AMP, rapprochant la structure du « discours de la civilisation hypermoderne » du discours de l’analyste trouvera -là l’éventail de ses conséquences.

Les effets thérapeutiques obtenus le sont souvent après quelques rencontres, quelques séances et ne se confondent pas avec une guérison. Ils ne sont pas non plus le fruit d’un abâtardissement  des exigences du transfert et de l’acte analytique en renonçant à leur fondement, mais donnent toute son incidence à la formation d’un analyste. À l’ouverture de la Section clinique, en 1977, Lacan ne reculait devant l’usage d’aucun de ses mathèmes pour aborder la clinique des psychoses, énonçant ainsi que l’approche d’un nouveau champ d’expérience clinique ne saurait se faire que sur les bases épistémologiques de sa constitution.

Prendre appui sur les points forts de la théorie et de la pratique de la psychanalyse freudienne, établis par l’enseignement de Lacan avec une cohérence renouvelée, n’enferme pas l’expérience analytique au musée, mais la somme de se confronter sans cesse aux nouveaux discours. Le psychanalyste contemporain ne peut se désintéresser des effets de son action comme le soulignait récemment dans le magazine l’Express, Jacques-Alain Miller :« Les analystes apprennent à modérer, à moduler cette puissance d’ébranlement et de dévoilement que l’analyse peut avoir sur les identifications, les idéaux, les valeurs, les croyances, les racines de jouissance ». La psychanalyse lacanienne est un enjeu pour notre époque, au-delà de la réflexion clinique, elle propose ainsi d’en décliner les conséquences scientifiques et politiques.

Les acteurs et les partenaires du Champ freudien mobilisent leur expérience à la hauteur de ces enjeux du « Programme international de recherches sur la psychanalyse appliquée d’orientation lacanienne » .

La rencontre PIPOL2, des 25 et 26 juin 2005, sera l’occasion de recenser les effets thérapeutiques rapides dans les différents modes d’intervention contemporains de la psychanalyse d’orientation lacanienne, d’en ordonner les résultats par l’examen de leurs coordonnées et d’en assurer la vérification dans l’après-coup pour en assurer la transmission.

Jean-Daniel Matet