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Psychanalyse et indépendance
Le point de vue de Claude Landman, psychanalyste, ancien président de l'Association lacanienne internationale
Paru dans Libération, le journal, le jour où l'amendement devant réglementer la pratique des psychothérapies était débauttue au Sénat.
(voir le compte rendu du débat qui nous a été transmis par mail:
Revue de presse: psychothérapie, débat
Le ministre de la Santé a enfin reconnu publiquement que la psychanalyse ne pouvait être rangée aux côtés des autres psychothérapies.
Psychanalyse: le jour de l'indépendance
Par Claude LANDMAN
psychanalyste,ancien président de l'Association lacanienne internationale.
lundi 19 janvier 2004
Reconnaître par voie légale l'existence d'une discipline indépendante, la psychanalyse, dont la profession ne serait pas réglementée et dont le titre, celui de psychanalyste, ne serait pas protégé, apparaît comme une innovation.
l me semble que la mesure n'a pas été prise de l'importance des propos tenus par J.-F. Mattei, ministre de la Santé, lors de son audition du 7 janvier 2004 devant la commission des affaires sociales du Sénat, au sujet de l'amendement Accoyer.
Aux questions du rapporteur de la loi sur la santé publique, le sénateur F. Giraud, et du président de la commission, le sénateur N. About, J.-F. Mattei a répondu : «Il faut bien distinguer le champ d'intervention des psychanalystes. » « L'analyse n'est pas une thérapie... Nous devons donc l'extraire du champ de l'amendement »; et encore : « Je ne verrais aucun inconvénient à ce qu'il (le problème posé par B. Accoyer) soit ramené à une déclaration formelle accompagnée d'un amendement nous conduisant, par exemple, à écarter les psychanalystes du champ de l'amendement. »
Il confirmait ainsi publiquement devant les élus de la Haute Assemblée les engagements qu'il avait pris devant les représentants de la majorité des associations de psychanalyse réunis dans son bureau, le 12 décembre 2003 : la psychanalyse doit être extraite du champ de la législation sur l'exercice des psychothérapies et elle doit en être extraite par voie d'amendement. Il acceptait ainsi la proposition d'un ajout au texte de l'amendement du docteur B. Accoyer que les associations de psychanalyse lui avaient faite. «La psychanalyse et ses diverses applications doivent garder leur qualité de référence indispensable et singulière. La formation à la pratique et la garantie de celle-ci restent de la responsabilité exclusive des associations de psychanalyse.»
Si le ministre de la Santé était en mesure de matérialiser ses propositions, quelles conséquences pourrait-on en tirer pour la psychanalyse et, au-delà, pour le fonctionnement d'une démocratie moderne et de la place qui y est accordée à la société civile ?
Reconnaître par voie légale l'existence d'une discipline indépendante, la psychanalyse, dont la profession ne serait pas réglementée et dont le titre, celui de psychanalyste, ne serait pas protégé, apparaît comme une innovation.
Sur quoi alors se fonderait une telle reconnaissance : simplement sur la confiance faite aux acteurs concernés (les psychanalystes et leurs associations) de leur capacité à s'autoréguler. Comment pourrait se concrétiser cette autorégulation ? Par exemple, par la mise en place d'un secrétariat des associations de psychanalyse, représentatif et renouvelable régulièrement, qui n'aurait aucune dimension ordinale, ni aucune vocation à dicter un code de déontologie comme le propose monsieur Miller ; sa seule fonction serait de répondre au ministère de la Santé, en cas de plainte d'une association des «usagers» du système de santé si le psychanalyste mis en cause, qu'il soit inscrit ou non dans une association de psychanalyse, a été formé selon des critères sérieux (psychanalyse personnelle, contrôles, séminaires, travaux divers) à la pratique et à la théorie psychanalytiques, c'est-à-dire qu'il n'est pas un charlatan.
Si un tel fonctionnement fondé sur une relation de confiance devait voir le jour, il serait un exemple de la capacité d'une démocratie, dès lors que les pouvoirs publics ont affaire à des acteurs responsables de la société civile, à s'abstenir de légiférer dans tous les domaines et de multiplier les réglementations et évaluations de toutes sortes.
Une telle issue pour l'amendement du docteur B. Accoyer permettrait enfin la reconnaissance de la psychanalyse «laïque» telle que Freud l'a définie : une discipline spécifique qui, même si sa pratique peut avoir des effets thérapeutiques, ne relève pas de l'éthique médicale, pas plus que de l'éthique universitaire (la psychanalyse peut et doit s'enseigner à l'université mais elle n'y forme pas des psychanalystes). La psychanalyse possède une éthique qui lui est propre, ce qui n'empêche pas, bien au contraire, les psychanalystes, à partir des références théoriques et pratiques qui sont les leurs, d'appréhender et de traiter les «nouvelles souffrances psychiques» qui ont émergé dans notre univers contemporain.
Revue de presse