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Oedipe Parricide, mis en scène par Marcos Malavia
OEDIPE PARRICIDE, 6 au 24 Mars 2018, Cartoucherie de Vincennes
Mise en scène : Marcos Malavia
Je ne m'étais pas renseigné sur cette pièce, je suis juste venu, en retard, après avoir assuré quelques consultations. Mes impressions ont certainement été influencées par une transition si imprévue, peut-être en m'offrant un recul que je n'aurais pas eu en me rendant à la Cartoucherie mieux informé, projetant trop d’attentes ne serait-ce que sur le titre.
Mon ignorance concernait aussi la disposition bi-frontale, le public est séparé, face à face, de part et d’autre de la scène. L’auteur parle d’une mise en scène rappelant la Corrida. En fait, ceci convient tout à fait aux sujets puissants, absolument psychanalytiques, archaïques. La proximité, tant des comédiens que du public en face, que l'intensité de leurs textes et de leurs mouvements peut surprendre. La dimension rituelle, cérémoniale de la pièce n'est pas à prendre à la légère, et probablement pourrait mettre mal à l'aise. Mon opinion au contraire correspondrait à la part agréable de la catharsis : les interprétations possibles de la catharsis aristotélicienne sont accessibles d'une manière si brut, si sincère, qu'il est aisé de s'en emparer dans une tranquille introspection.
Œdipe décliné en trois âges, jeune homme fougueux, homme mûr torturé, vieil homme aveugle avec sa canne, crée un dialogue inattendu entre des désirs différents mais une souffrance identique, sur des thèmes forts, de l'origine, la violence, la sexualité, du sens. L'articulation entre les personnages est surprenante mais réussie, à condition de saisir la nature particulièrement personnelle de cette pièce, la projection d'images de la Shoah et de congrès nazis étant à prendre évidemment comme illustration symbolique, presque poétique, une remise en perspective des raisons qui poussent les Hommes à sombrer dans la violence.
Je suis sorti de cette pièce de plus d'une heure, léger, et réellement amusé. Je fais des liens directs avec ma pratique, ne serait-ce que pour vous convaincre d'aller voir cette pièce. La théorie psychanalytique a un paradoxe, elle décrit un dispositif censé permettre la plus grande liberté, par delà la pudeur, spontanée, tout en se drapant d'une grande sophistication, une abstraction mentale, qui ne peut qu'éventuellement permettre au psychanalyste d'en faire quelque chose, de réel. Le fameux concept d’œdipe, évidence culturelle occidentale, parle de quoi finalement ?
L'amour maternel au même titre que la rivalité paternelle ne pourrait être perçu autrement que l'illustration symbolique d'enjeux plus profonds, voire sombres. Cette pièce sollicite toutes les émotions, sans tomber dans la prétention d'aborder les thèmes les plus mystérieux de l'inconscient. Généreusement et avec humilité, l'auteur propose une interprétation très personnelle du mythe d’Oedipe, qui certainement semblera être "un grand cirque existentiel" mais aussi un hommage touchant à quiconque a essayé de se comprendre lui-même.
Basile Cossade
Psychanalyste
IAAP
contact@basilecossade.fr
Mise en scène : Marcos Malavia
Assistant : Etienne Beylot Direction d’acteur : Muriel Roland Décor et Lumières: Erick Priano Costumes : Louise Bauduret
Avec : Œdipe-Aveugle : Claude Merlin
Œdipe-Candide : Alexandre Salberg OEdipe-Roi : Marcos Malavia La Mère-Epouse, une ombre : Muriel Roland Antigone, une ombre : Eléonore Gresset