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Question sur le transfert Réponse à Jenny
Transfert et psychanalyse
Réponse à Jenny
Une question de temps, oui, mais pas seulement
Chère Jenny,
Ce que j’en pense ?
Tout d’abord je tiens à vous remercier de prendre le temps de vous exprimer sur un moment difficile d’une cure psychanalytique, en éclairant votre propos d’un témoignage personnel.
Vous rendez compte de la difficulté de la relation thérapeutique. Difficulté dont on ne peut faire, de part et d’autre, l’économie.
Ainsi que du temps nécessaire (bien que plus ou moins long chez les uns et les autres) - “il a fallu quasiment quatre ans”, dites-vous...- , pour qu’une confiance suffisante sous-tende cette relation, et que certains mécanismes de défenses n’y fassent plus obstacle.
Là encore, cela se passe rarement sans qu’au préalable cette relation transférentielle ait eu à résister à quelques “intempéries”. Ce qui nécessite du courage de la part de l’analysant, comme cela en a nécessité de votre part.
Mais paradoxalement, cela nécessite aussi de la force, de la persistance et de la résistance de la part du psychanalyste. Cette résistance même sur laquelle peut s’appuyer le transfert, car elle a valeur de bonne contenance, et dont bien souvent il lui sera fait “reproche” en cours de travail ...!
Cette résistance avec laquelle il n’est pas toujours à l’aise, pas plus que le navigateur n’est toujours à l’aise à la barre du bateau, car il en a la responsabilité et qu’il doit tenir compte de l’imprévu et de l’imprévisible, tout en gardant le cap contre “vents et marée”!
Le transfert, comme vous le dites, comme vous l’avez remarqué, comme vous en soulignez l’étrangeté, se passe en effet de part et d’autre. Mais l’analyste est bien là pour accueillir l’analysant, et lui permettre d’aller à la rencontre de l’inconnu en soi. Il doit donc rester maître de son transfert (ce que lui permet sa formation première mais aussi sa formation continue...!), tandis que l’analysant doit se sentir libre de se laisser porter par lui. Jusqu’à ce qu’il se sente suffisamment fort pour ... voler de ses propres ailes...
Vous dites: ““(...)Je pense qu'un bon praticien va veiller à re narcissiser le sujet avant de lui faire faire le grand saut ! On lache pas un jeune oiseau du nid quand voler est trop risqué , non ? (...)”
Non, on ne lâche pas un jeune oiseau dans la nature avant qu’il ne sache voler au moins un peu de ses propres ailes, lorsqu’on se propose de lui venir en aide...
Il n’est pas question donc de lâcher un analysant dans la nature au moment où il a fait tomber ses résistances... Et qu’il a eu le courage de ne pas céder à “la crainte de l’effondrement” dont parle si bien Winnicott.
Le désarroi qui s’exprime dans vos propos semble accru du fait même des situations d’abandon (forcément) dramatiques que vous avez vécues et subies dans votre enfance.
Quelques bribes de vos phrases sur lesquelles je réagirai encore:
“il faut les gérer et là depuis 2 ans c'est angoisses sur angoisses....moments de dépressions etc...”
Oui, c’est difficile de gérer et digérer ces “retours du refoulé”... Et si inquiétant, que sur le moment il est impossible d’imaginer que l’on sera mieux après qu’avant...
“S'il ne se passe rien c'est que les défenses sont sans doute encore trop solides ?”
Êtes-vous sûre qu’il ne se passe rien... ?
Il me semble que c’est bien un passage (et je n’emploie pas ce mot pour rien) très dur que celui que vous traversez. Votre analyste qui vous a “contenue” jusqu’ici , “ va veiller à re narcissiser le sujet” (...), selon vos propres mots. En effet... “On lache pas un jeune oiseau du nid quand voler est trop risqué” .
Un psychanalyste n’est pas là pour faire subir – dans la réalité - à l’analysant ce que celui-ci a déjà subi par le passé ... Même si par le biais du transfert l’analysant est amené à le revivre émotionnellement – dans le cadre de l’analyse . Mais c’est alors pour “expulser” hors de soi ce qui a induit la souffrance et les effets traumatiques de cette souffrance, et non ajouter un nouveau choc traumatique, bien entendu.
L’analyse ne doit pas être qu’une déconstruction des défenses. Bien menée, elle est là aussi pour participer à la reconstruction. À un regain d’équilibre, qui repose sur un réaménagement de l’économie affective, libidinale, etc...
Il est difficile, comme je le dis toujours, de se prononcer sur un travail mené par ailleurs, mais il semble que la confiance que vous avez dans votre psychanalyste soit fondée.
Votre transfert se passe ainsi ... À chacun le sien... Selon son histoire, selon son désir, selon la relation psychanalytique ou psychothérapeutique établie dans le cadre de sa “cure”...
Que vous ayez envie d’en voir la fin est légitime...
Si votre inquiétude sur ce point augmentait. Si la question du temps se pose à vous, si celui-ci vous semble long, vous trouverez la force d’en parler avec votre analyste.
Nul n’a à se sentir prisonnier d’un transfert. Et aucune question n’est sotte à poser dans ce cadre.
Il est légitime aussi d’attendre que certaines réponses apaisent afin de mieux pouvoir acquérir cette fameuse – si indispensable et si précieuse - autonomie.
C’est bien l’expression de votre désir, au sens premier et large du terme qu’il s’agit de favoriser.
Si certaines résistances doivent céder à la cure, elles doivent aussi “céder la place” à de nouvelles, essentielles pour évoluer dans le monde, aborder les difficultés de la vie et résoudre les problèmes qu’elle pose à chacun de nous !
Il semble que vous meniez un travail exigeant, qui vous demande beaucoup d’énergie.
La “psy” est d’abord l’occasion d’un soutien pour aider à devenir soi-même... Mais la relation thérapeutique doit permettre aussi de “réparer” ce qui a été “lésé” par le passé.
Voilà en quelques phrases ce que me donne à penser votre message, et merci encore pour ce beau témoignage qui en aidera je crois plus d’un, plus d’une, à se poser les bonnes questions dans son cheminement analytique, à bien évoluer dans son histoire.
Bien cordialement,
Virginie Megglé
06 16 70 88 01