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Pierre Perrin se fait l'écho de : Le harcèlement émotionnel S'aimer s'en s'étouffer
Le regard finement posé de Pierre Perrin
Pierre Perrin est poète, romancier, critique littéraire
Il est notamment l'auteur
de
Le modèle oublié paru récemment aux Éditions Laffont
et également le fondateur de la Revue littéraire en ligne Possibles
Le Harcèlement émotionnel, Eyrolles, 2020, 208 pages, 18 €
Sous titré « s’aimer sans s’étouffer », ce nouveau volume de Virginie Megglé étudie les différents cas de figure du harcèlement, les moyens de s’en protéger et aussi bien de ne pas le reconduire aveuglément. Un premier chapitre traite le mouvement « de la fusion à la dépendance » ; le deuxième chapitre analyse « les coulisses du harcèlement » ; le troisième indique les moyens de « sortir de la fusion pour un amour plus sûr » ; le quatrième nourrit un glossaire qu’elle intitule « les mots de la dépendance ».
Le désir nourrit la fusion. Mal maîtrisée, celle-ci peut à la longue générer un déséquilibre dans le couple, tel que l’un se sent « maltraité, incompris, non respecté, écrasé ». Le déséquilibre s’installe dès lors que les déplaisirs se multiplient dans une totale inégalité de traitement. Le compas s’est ouvert et ne ferme plus. Virginie Megglé a le secret des formules presque magiques : « Nous étions l’un tout contre l’autre ? Nous le resterons, mais dans l’opposition. Quand vient l’éloignement, on se rapproche par le reproche. »
Le second chapitre explique clairement les mécanismes. Tout part de l’enfance, voire du sevrage. « D’une mère, on ne se sépare jamais tout à fait : elle est la matrice dans laquelle on se ressource. » Ensuite, la fusion érodée, se découvre une hystérie de la séduction. « Appâter, séduire, porter aux nues, lâcher, revenir », ainsi s’intitulent les mouvements destructeurs. Il faut lire Virginie Megglé pour ses fines déductions de ce qui se passe dans un couple, entre parents et enfants, quels jeux de billard s’ensuivent quelquefois. « Comment ne pas aimer qui vous nourrit dans le creux de la main ? »
À ce stade, il convient d’exposer une issue, un chemin de résilience. À la façon de Peau d’Âne, il faudra partir, laisser derrière soi des oripeaux. « Attention, blesser l’autre, c’est se blesser soi-même », prévient Virginie. Il faut non se rendre, mais se comprendre. « S’il s’agit de rompre, c’est avec les habitudes destructrices. » Le tout est de trouver une distance qui reste vivable, favorable. Ce qu’ajoute l’auteur à ses délicates analyses, c’est le démêlement des liens que tissent les mots. Elle écrit dans son dernier chapitre – un beau glossaire – que « redonner du sens aux mots permet d’en rendre à la vie. » [Ce 14 mai 2020]