Chaque visage est le Sinaï d'où procède la voix qui interdit le meurtre - Lévinas

Argent et psychanalyse

La psychanalyse et l'argent... Ou questions d'argent en psychanalyse

Une question à propos du coût d'une psychanalyse :

"Bonjour,

Je suis une analyse depuis maintenant presque trois ans, la question que je me pose aujourd'hui est : "La psychanalyse ne serait-elle pas réservée aux personnes les plus fortunées?" Les personnes à revenus modestes ou au smic ce qui aujourd'hui est synonyme peuvent-elles donc  réellement effectuer un travail suivi et profond ?
La fréquence et la régularité des séances étant trés importantes, je comprend tout à fait qu'il faille payer de ça personne ce principe et cette démarche faisant parti du travail, mais doit on tout sacrifier et se priver de tout pour suivre une analyse ?
Je participe à des séances de 1/2 heure à 25 euros l'une, à raison de quatres séances par mois soit 2 heures par mois pour 100euros. Est-ce suffisant pour effectuer un travail efficace ? je pense connaître la réponse et cela m'attriste, je souhaiterais m'investir d'avantage dans cette démarche mais malheureusement mon salaire ne me le permet pas.
La vie augmente les besoins aussi (logement, alimentaire, factures diverses...) les blessures à l'ame pour beaucoup ne diminuent pas.
 Le psychanalyse aurait-elle subit aussi la hausse des prix ?
Sur quels crtitères les psychanalystes fixent-ils leurs tarifs ?
La psychanalyse doît être plus présente aujourd'hui qu'hier et pour tout ce qui le souhaite quelques soit le salaire surtout dans un monde où  le pouvoir de l'argent, la rentabilité et la peur sont nos perspectives d'avenir et où le mot humain est trop souvent confondu avec marchandise.
A quand une psychanalyse sociale ?
Quels sont les écrits de Freud à ce sujet ?
Je ne remet pas en cause le travail effectué, mais juste dire que les tarifs pratiqués pourraient être plus abordables permettant  à toutes les personnes à faibles revenus de faire un travail suivi tout aussi profond et de ce fait vivre autres choses que l'analyse.
Y'a rien de plus frustrant d'envisager d'arrêter pour des raisons financières."


Christophe Favard.



Ci-dessous, la réponse qu'elle a suscitée :


"Bonjour,

Le sujet est de taille...

Battu et rebattu et pourtant loin d'être épuisé.

Je vous suggère un premier élément de réponse ici :

Pour quoi la psychanalyse



Un extrait choisi qui figure en bas de cette page, à la suite de la présentation de l'auteur.

Peut-être vous permettra-t-il de mieux forger votre propre réponse.
Ainsi que d'autres passages du livre qui vous permettrait de comprendre pour quoi la psychanalyse... (pour vous) !

Et encore:

Justement, parlons-en... de l'argent et de la psychanalyse


Le témoignage bref mais éclairant d'une personne qui aborde le même problème sous un angle différent. Son argumentation, là encore, saura peut-être vous donner quelques éléments de réponse.


(Si le lien ne renvoie pas directement au sujet : , regardez celui d'avant ou d'après... Vous finirez par trouver. )

Pour ma part je ne pense pas que la psychanalyse (individuelle) soit un acte social.
Elle ressort de l'intime. Et l'intime justement ne doit pas être l'affaire du social.
Il ne saurait donc être question de prendre pour l'autoriser des mesures d'ordre social. Le sujet a d'abord à répondre de lui-même en s'appuyant sur son propre désir pour s'engager sur la voie d'une meilleure autonomie.


"Je ne remets pas en cause le travail effectué" dites-vous. Le travail remis en cause serait celui que vous effectuez. Ou que vous avez effectué. Pourquoi ne pas le remettre en cause, d'ailleurs?
C'est bien ce qui semble "causer" en vous aujourd'hui. Que ce soit causer un questionnement ou du souci. Ou encore un brin de révolte, qui sait?
Oui, curieusement le travail effectué est d'abord celui de l'analysant.
C'est étrange en effet de payer pour travailler... Mais c'est pourtant le prix à payer... pour se découvrir et s'affirmer sujet! Sans avoir à en rendre compte à un tiers ou une administration sociale qui aurait à répondre à votre place du résultat de votre engagement.

"(...)mais juste dire que les tarifs pratiqués pourraient être plus abordables permettant  à toutes les personnes à faibles revenus de faire un travail suivi tout aussi profond et de ce fait vivre autres choses que l'analyse."



Certains psychanalystes en effet pratiquent ou ont pu pratiquer des prix exorbitants.

Cela dit, en général, (bien qu'il soit quasiment impossible en la matière de parler en termes de généralités!) un psychanalyste sait entendre celui qui a vraiment le désir de s'engager dans une psychanalyse personnelle. Et l'encourager, s'ils le désirent l'un et l'autre vraiment, à s'en donner les moyens.

La psychanalyse ne s'adresse pas à "toutes les personnes qui ont un revenu faible"... Mais chaque personne qui en éprouve le besoin même avec un revenu faible doit pouvoir entamer une psychanalyse... Mais ensuite il faut qu'elle en ait le désir, autrement dit qu'elle soit prête à consentir certains efforts et à supporter quelques ... frustrations. Dans la mesure, bien sûr, où les conditions financières envisagées restent de l'ordre du "raisonnable" ou de ''l'envisageable".... Car il n'est pas question bien sûr de se ruiner pour survivre!!!

Ainsi, ne peut-on parler "en général". La psychanalyse reste au cas par cas. Celui d'un sujet n'est pas celui de l'autre.

Mais cela devrait pouvoir se dire dans le cadre de votre analyse.

"Y'a rien de plus frustrant d'envisager d'arrêter pour des raisons financières." dites-vous encore.

Si vous le dites, cela est vrai pour vous.
Arrêter? Pourquoi pas.
Mais est-ce vraiment des raisons financières ou des raisons dont vous entrevoyez en sourdine qu'elles sont d'un autre ordre.... peut-être. Sans pour autant arriver ni à les éluder ni à les résoudre dans votre cure.
À vous de voir. Peut-être y a-t-il un ou une psychanalyste qui vous conviendrait mieux... ?

J'irai jusqu'à dire, ce soir, la psychanalyse est aussi une question d'ambition personnelle qui ne passe pas par la prise en charge sociale.
Et pourtant la cure psychanalytique devrait, bien menée, participer à vous donner à vous-même les moyens de cette prise en charge. Et à vous sentir mieux sur le plan social, une fois que vous aurez commencé à en récolter quelques bénéfices!

Bien cordialement,

Et en vous remerciant d'avoir su trouver et poser les mots pour soulever un sujet sur lequel plus d'un, plus d'une, s'interroge.

 Virginie Megglé



Manifeste pour la psychanalyse

Réglementer l'impossible

Psychanalyse en mouvement Préambule

20/10/2006
Retour
Commentaires
Vous devez être connecté pour déposer un commentaire