Espace membres
Rendez-vous
- Trouver sa place ... et vaincre le sentiment d'imposture
- Traumatismes, résurgences traumatiques et transmission transgénérationnelle des traumatismes
- Fragilité et reconquête des territoires incertains
- La métamorphose une vidéo de Anne Condomine à l'occasion de la sortie de Quand l'enfant nous dérange et nous éclaire
Source et ressources
- Abandon et sentiment d’abandon
- Quand l'hyperémotivité entre en résonance avec l'entourage
- Entre mère et fils ... Comprendre ce lien si particulier et le réinventer à chaque étape de la vie
- Y a-t-il de bonnes raisons de couper les ponts avec ses parents?
A lire, à voir, à entendre
- La créativité au quotidien
- Frères, Sœurs, quand les rapports se compliquent à l'âge adulte ...
- Le sentiment d'imposture, l'identifier, s'en libérer
- Vivre sans culpabiliser ...
Rejoignez-nous sur Facebook
Qu'est-ce que la pédophilie ?
Qu'est-ce que la pédophilie
Serge André
Guidino Gosselin
Éditions QUE
Groupe Luc Pire
Qu'est-ce que la pédophilie?
Un livre étrange, comme il peut sembler étrange de se pencher de si près sur la pédophilie, oui, mais surtout l'approche sensible d'une des expressions les plus troublantes, les plus dérangeantes, de la sexualité humaine et qui nous force, de façon salutaire, à ne pas céder à la tentation d'une complaisante indifférence . Conçu en deux parties, et à deux voix: celle de Serge André suivie, dans un second temps, de celle de Guidino Gosselin.
D'un écrit de Serge André, on ne sort jamais déçu. C'est peu dire que sur ce sujet périlleux, dans la partie qui lui est dévolue, il fait montre d'une générosité qu'on aime saluer tant elle se fait rare, et pas seulement en psychanalyse! Du courage, de la détermination, il en faut, il lui en a fallu pour parler si justement d'un sujet qui par essence ne peut avoir bonne presse. Il le fait avec cœur, avec honnêteté, sachant remettre dans leur contexte, pour bien les approcher, ces "choses" qui suscitent tant d'effroi, que chacun se propose de les fuir, d'en détourner le regard, de feindre de ne pas les voir, sinon trop souvent pour les dénoncer avec violence comme si elles lui étaient totalement étrangères.
Du côté du lecteur, la crainte du malaise d''être mêlé à "une telle affaire" s'estompe au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture de cette première partie. L'auteur nous invite à le suivre dans son écoute de la pédophilie, et à réexaminer celle-ci à la faveur des différents éclairages qui lui ont été portés selon les périodes historiques et sociales... Quitte à bousculer les préjugés actuels les plus réconfortants.
Pour ma part, en ce qui concerne la seconde, je l'ai abordée à très petites doses pour garder ma distance et ne pas céder tantôt à l'écœurement, tantôt au dégoût, tantôt à la colère, tantôt à la fascination, tantôt à la stupeur, qui à certains moments ne pouvaient que s'emparer de moi.
Construite autour d'un journal, le "roman-vécu" qu'un pédophile a adressé à un professeur d'université, dans l'espoir, selon les mots de Guidino Gosselin, de "faire passer son fantasme de la sphère privée à la sphère publique." Et "justifier ses pratiques sexuelles (...) convaincre de leur innocuité et de la pureté de ses intentions."
Le lecteur est invité à s'approcher du pédophile, à le côtoyer, à entrer presque dans son intimité, celle à laquelle nous convie sans aucune gêne de sa part, celui qui a laissé son journal à la science... On se demande ce qu'on fait là. On veut ne pas être contaminé. La proximité ne peut que toucher, nous ébranler. Pourtant, il fallait sans doute que l'auteur en passe par là pour parler de ce dont il parle et ne pas en dire n'importe quoi. L'éclairage psychanalytique est sans complaisance, il est neutre, il se doit de rester bienveillant, ce qui ne veut pas dire encourageant, si ce n'est au discernement qui seul permet de ne pas dire n'importe quoi, sur n'importe qui, n'importe quand, sous prétexte qu'on en parle parce pour le dénoncer car il est bien venu aujourd'hui d'en parler pour le dénoncer. La pédophilie, oui, plonge dans un profond malaise, on ne se sent pas (toujours) concerné et pourtant elle nous concerne tous car nous avons tous été enfant. Et le restons encore bien souvent.
Il est troublant, presque rebutant, de cheminer ainsi aux côtés de l'auteur pour décrypter les actes que ce pervers a consignés. Pourtant, cette démarche s'avère productive: aucune trace de complaisance pour la perversité ne s'en dégage, mais au contraire un intérêt réel pour en démonter les mécanismes.
De même que Guidino Gosselin avait reçu l'encouragement de Serge André pour avancer dans cette démarche, Lacan est là, en tant que théoricien, pour le soutenir dans ses explications et éclairer la lecture analytique qu'il propose de ce journal et expliquer les mécanismes qui entrent en jeu dans les comportements pervers, sans pour autant les justifier.
Un regard sur l'enfance de cet homme laisse entrevoir pourquoi et comment ces penchants pervers ont pu être exacerbés au point de mettre à son tour des enfants en danger. Et l'analyse des défaillances parentales dont il a été la première victime fait écho à toutes les défaillances parentales ordinaires qui amèneront des enfants à devenir sa proie...
La pédophilie après lecture n'agit plus tel un fantôme mais telle une réalité que nous nous devons d'éviter. Il vaut mieux pour ne pas y être mêlé savoir la reconnaître afin d'en repérer les signes les plus infimes qui en sont aussi les plus patents.
Le pervers fournit les éléments. L'analyste les décode, les décrypte, et se livre à un véritable travail de dissection en réponse à l'exposition complaisante et écœurante de la vivisection à laquelle se livrait le pédophile en rapportant dans son journal ses ébats et ceux des enfants qu'il massacrait.
Cette lecture peut apprendre à ne pas se fier aux apparences pour parer aux dangers de la jouissance liés à la permissivité de ceux et celles qui ne veulent rien entendre de la loi.
Ce livre a le bon goût de ne pas inviter le lecteur à cette (insupportable) jouissance. Chacun des auteurs, à sa façon, a su rester près du sujet, nous inviter à le considérer sachant qu'il dérange, avec la juste distance nécessaire qui permet de rester à l'extérieur, sans jamais se sentir ni partie prenante, ni voyeur. Des termes soigneusement choisis permettent de comprendre ce cas un peu comme de l'intérieur, mais du point de vue sensible, du point de vue humain, sans que la nécessité ne s'impose de s'identifier à lui.
Les auteurs nous permettant ainsi de comprendre et d'être face à ce qui anime le pédophile sans le juger ni jamais cependant faire preuve d'indulgence.
La pédophilie remise dans son contexte social et historique par Serge André, la pédophilie à travers le cas d'un pédophile qui a livré son journal à la science, par Guidino Gosselin; à travers ces deux regards se dégage une vision qui laisse entrevoir que pour venir à bout de la pédophilie il vaut mieux savoir ce qui l'anime et ce qu'elle interroge en nous.
Une fois le livre fermé, on sait définitivement de quel côté on se trouve. On a gagné des moyens supplémentaires pour échapper à la perversité et on ne peut qu'en féliciter les deux auteurs.
Leur travail a été concluant.
S'il fallait trouver une qualité essentielle à ce livre et donner une raison suffisante pour l'ouvrir et en parcourir les pages une à une, on peut dire qu'il démonte courageusement les mécanismes de la perversion, en révèle se faisant les risques mais aussi les dangers, et nous engage à ne pas y céder.
En ce sens c'est un livre dérangeant mais salutaire qui invite à la responsabilité du sujet.
Virginie Megglé
On peut lire en quatrième de couverture:
Sans passion ni jugement, les auteurs répondent à cette question et appuient leur argumentation par l’analyse de l’autobiographie d’un pédophile.
Si aucune thérapie ne peut changer la structure d’un individu (la pédophilie n’est pas innée, elle est structurelle comme toutes les perversions), il appartient au thérapeute de lui faire admettre la gravité de ses actes et sa responsabilité, d’éclairer son fantasme et de modifier son comportement.
Oui : le psychanalyste peut entendre le discours du pédophile et l’aider. Dans cette démarche, toute volonté de guérison ou de réadaptation doit être bannie, car la relation à l’enfant n’est pour le pédophile que la mise en scène imaginaire et symbolique d’un rapport beaucoup plus essentiel que l’acte érotique en lui-même.
Il n’y a que chez l’être humain que l’on constate l’existence de perversions. Celles-ci rendent manifestes non seulement ce que nous refoulons, mais surtout que le refoulement est le seul fondement de notre morale.
Serge André est l’auteur de Que veut une femme et de Devenir psychanalyste... et le rester. Depuis sa mort en 2003 et l'édition de ses travaux, il apparaît de plus en plus clairement qu'il fut un psychanalyste de premier plan, et qu'il nous laisse une œuvre majeur.
Guidino Gosselin est psychanalyste, psychologue et sexologue. Il est l’auteur de La Franc-Maçonnerie au risque de la psychanalyse.
N° ISBN : 9782874159541 PV PUBLIC : 24 euros DATE DE PUBLICATION : 19 JUIN 2008 FORMAT : 14,8 X 20 CM - 208 PAGES